Je l’attendais avec impatience, et le voici maintenant
disponible en librairie. Le dernier ouvrage d’Antonine Maillet, Fabliau des Temps Nouveaux a été publié
chez son éditeur Leméac. J’ai acheté mon exemplaire chez Renaud-Bray, où
Fabliau des Temps Nouveaux nous est
présenté emballé d’une fine particule de plastique qu’on peine à enlever sans
abîmer le petit livre. Le fabliau de Maillet est fort court, il fait à peine 70
pages. J’aurai aimé avoir affaire à quelque chose de plus dense, à l’image de Les-Cordes-de-Bois, par exemple. Il va
sans dire que j’ai été surprise par le petit volume, l’écrivaine nous ayant
habitués à des romans un peu plus costauds. Et c’est bien là le problème, Fabliau des Temps Nouveaux n’est pas un
roman, mais un conte qui emprunte au style de la fable. Il aurait été sans
doute difficile d’étirer la sauce outre mesure pour offrir à ses lecteurs
quelques pages supplémentaires. Personnellement, ce qui me plaît, c’est le roman
et par conséquent, je cherchais, en lisant Fabliau
des Temps Nouveaux, un nouveau roman d’Antonine Maillet. Or, je ne suis pas
déçue pour autant.
On retrouve dans Fabliau
des Temps Nouveaux le style accomplit d’Antonine Maillet. Un vieil adage
dit que c’est dans les petits pots qu’on retrouve les meilleurs onguents, et
c’est sans doute vrai. L’œuvre est courte, certes, mais ce fabliau d’Antonine
Maillet est savoureux et offre de belles couleurs qui sont absolument à
découvrir. On y reconnaît Antonine Maillet. J’ai eu l’impression de lire
quelque chose de très frais, de vivifiant dont il est de votre devoir de vous
approprier en lisant le Fabliau des Temps
Nouveaux. Dans cette histoire, le petit nouveau du village, sans doute
situé quelque part en Acadie, et pourquoi pas à Bouctouche, un Pain Chaud pétri
par les doigts de sa mère, se joint aux enfants des voisins : un oiseau,
un poisson, une fleur, un chat. Les cinq acolytes deviendront rapidement les
meilleurs amis du monde.
Tranquillement, les jeux de la vieille n’amusent plus Pain
Chaud qui cherche à vivre des aventures plus exaltantes. Ayant semé la pagaille
au village, Pain Chaud ressent vite des remords et ses trente-six larmes
viennent rapidement le métamorphoser en petit monstre dont le menton tombe au
niveau du nombril… À titre de bonne boulangère et de bonne maman, Mme Painchaud
vint au secours de son fils. Il n’en demeure pas moins que le besoin d’aventure
se fait sentir, alors que les uns et les autres font entendre leurs voix afin
que la paix et la tranquillité reviennent au pays des côtes. On propose un tour
de la planète dont le Temps se chargera de présenter à ses compagnons, puis
suivra de nouveaux guides : le Passé, le Futur et l’Avenir. Les amis se
donneront des défis à surmonter qui, tout à tour, leur permettront de découvrir
le monde et ses problèmes : la pollution, les inégalités sociales, les
exodes migratoires, les guerres. Devant l’ampleur de toutes ces catastrophes
modernes, Pain Chaud s’accroche courageusement :
« À cette image du Temps qui surgit sous son front,
Pain Chaud accroche ses jambes à son cou et se hâte de rentrer auprès des
siens.
Et c’est alors, au moment de retrouver son monde, juste
comme il les aperçoit tous les quatre aux pieds du maître et de ses deux
acolytes, le vénérable Passé et l’Avenir fougueux, que le cerveau en ébullition
du petit Pain gonfle à en faire craquer sa croûte. Il se jette aux pieds du
Temps :
– Ô maître, dessinez-nous des Temps
Nouveaux de toutes les couleurs!
Le Temps sourit à son disciple insatiable, fait un large
tour des têtes, puis attrapant au vol un oiseau de nuit, il lui emprunte sa
plus longue plume et la plonge dans l’arc-en-ciel du soir.
Espoir. » (Antonine Maillet, Fabliau des Temps Nouveaux, Leméac, p. 67-68).
Ces Temps Nouveaux, c’est l’Avenir, version Antonine Maillet, mais en mieux.
Moi qui avais envie d’un nouveau roman d’Antonine Maillet,
je viens d’emprunter à la Grande Bibliothèque Les-Codes-de-Bois, que je n’ai pas relu depuis… environ 15 ans.
J’ai bien sûr mon propre exemplaire des Cordes-de-Bois,
mais à l’époque, je l’ai lu et relu bien des fois, ce qui fait en sorte
qu’aujourd’hui, mon livre est quelque peu fatigué, les premières pages n’y sont
plus très solides. En commençant ce blogue, j’avais pour projet de relire mes
lectures universitaires, mais j’ai vite constaté que la relecture me
replongeait directement dans mes souvenirs de lecture pour ainsi me rendre
compte que, mine de rien, je n’avais rien oublié. Alors j’ai bien hâte de voir
comment je vais réagir à la relecture des Cordes-de-Bois
et si ce roman d’Antonine Maillet va toujours m’inspirer la même exaltation.
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