1 mars 2020

Ça y est : Antonine Maillet publie Fabliau des Temps Nouveaux chez Leméac


Je l’attendais avec impatience, et le voici maintenant disponible en librairie. Le dernier ouvrage d’Antonine Maillet, Fabliau des Temps Nouveaux a été publié chez son éditeur Leméac. J’ai acheté mon exemplaire chez Renaud-Bray, où Fabliau des Temps Nouveaux nous est présenté emballé d’une fine particule de plastique qu’on peine à enlever sans abîmer le petit livre. Le fabliau de Maillet est fort court, il fait à peine 70 pages. J’aurai aimé avoir affaire à quelque chose de plus dense, à l’image de Les-Cordes-de-Bois, par exemple. Il va sans dire que j’ai été surprise par le petit volume, l’écrivaine nous ayant habitués à des romans un peu plus costauds. Et c’est bien là le problème, Fabliau des Temps Nouveaux n’est pas un roman, mais un conte qui emprunte au style de la fable. Il aurait été sans doute difficile d’étirer la sauce outre mesure pour offrir à ses lecteurs quelques pages supplémentaires. Personnellement, ce qui me plaît, c’est le roman et par conséquent, je cherchais, en lisant Fabliau des Temps Nouveaux, un nouveau roman d’Antonine Maillet. Or, je ne suis pas déçue pour autant.

On retrouve dans Fabliau des Temps Nouveaux le style accomplit d’Antonine Maillet. Un vieil adage dit que c’est dans les petits pots qu’on retrouve les meilleurs onguents, et c’est sans doute vrai. L’œuvre est courte, certes, mais ce fabliau d’Antonine Maillet est savoureux et offre de belles couleurs qui sont absolument à découvrir. On y reconnaît Antonine Maillet. J’ai eu l’impression de lire quelque chose de très frais, de vivifiant dont il est de votre devoir de vous approprier en lisant le Fabliau des Temps Nouveaux. Dans cette histoire, le petit nouveau du village, sans doute situé quelque part en Acadie, et pourquoi pas à Bouctouche, un Pain Chaud pétri par les doigts de sa mère, se joint aux enfants des voisins : un oiseau, un poisson, une fleur, un chat. Les cinq acolytes deviendront rapidement les meilleurs amis du monde.

Tranquillement, les jeux de la vieille n’amusent plus Pain Chaud qui cherche à vivre des aventures plus exaltantes. Ayant semé la pagaille au village, Pain Chaud ressent vite des remords et ses trente-six larmes viennent rapidement le métamorphoser en petit monstre dont le menton tombe au niveau du nombril… À titre de bonne boulangère et de bonne maman, Mme Painchaud vint au secours de son fils. Il n’en demeure pas moins que le besoin d’aventure se fait sentir, alors que les uns et les autres font entendre leurs voix afin que la paix et la tranquillité reviennent au pays des côtes. On propose un tour de la planète dont le Temps se chargera de présenter à ses compagnons, puis suivra de nouveaux guides : le Passé, le Futur et l’Avenir. Les amis se donneront des défis à surmonter qui, tout à tour, leur permettront de découvrir le monde et ses problèmes : la pollution, les inégalités sociales, les exodes migratoires, les guerres. Devant l’ampleur de toutes ces catastrophes modernes, Pain Chaud s’accroche courageusement :

« À cette image du Temps qui surgit sous son front, Pain Chaud accroche ses jambes à son cou et se hâte de rentrer auprès des siens.
Et c’est alors, au moment de retrouver son monde, juste comme il les aperçoit tous les quatre aux pieds du maître et de ses deux acolytes, le vénérable Passé et l’Avenir fougueux, que le cerveau en ébullition du petit Pain gonfle à en faire craquer sa croûte. Il se jette aux pieds du Temps :
– Ô maître, dessinez-nous des Temps Nouveaux de toutes les couleurs!
Le Temps sourit à son disciple insatiable, fait un large tour des têtes, puis attrapant au vol un oiseau de nuit, il lui emprunte sa plus longue plume et la plonge dans l’arc-en-ciel du soir.
Espoir. » (Antonine Maillet, Fabliau des Temps Nouveaux, Leméac, p. 67-68).

Ces Temps Nouveaux, c’est l’Avenir, version Antonine Maillet, mais en mieux.

Moi qui avais envie d’un nouveau roman d’Antonine Maillet, je viens d’emprunter à la Grande Bibliothèque Les-Codes-de-Bois, que je n’ai pas relu depuis… environ 15 ans. J’ai bien sûr mon propre exemplaire des Cordes-de-Bois, mais à l’époque, je l’ai lu et relu bien des fois, ce qui fait en sorte qu’aujourd’hui, mon livre est quelque peu fatigué, les premières pages n’y sont plus très solides. En commençant ce blogue, j’avais pour projet de relire mes lectures universitaires, mais j’ai vite constaté que la relecture me replongeait directement dans mes souvenirs de lecture pour ainsi me rendre compte que, mine de rien, je n’avais rien oublié. Alors j’ai bien hâte de voir comment je vais réagir à la relecture des Cordes-de-Bois et si ce roman d’Antonine Maillet va toujours m’inspirer la même exaltation.

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