11 décembre 2019

De Stupeur et Tremblements à Hygiène de l’assassin, à la découverte d’Amélie Nothomb

Amélie Nothomb a beau être dans le paysage littéraire depuis plusieurs années, mais je n’avais jamais lu, jusqu’à tout récemment, aucun de ses romans. C’est un collègue de travail qui m’a incité à la lire. Personnellement, je tends à fuir comme la peste les auteurs contemporains qui connaissent un succès populaire. Ces auteurs (et autrices), je les connais, bien sûr, mais je ne les lis pas. Quelques noms? Alexandre Jardin, Éric-Emmanuel Schmitt, Frédéric Beigbeder, et surtout, Virginie Despentes… J’ai une sainte horreur de ces femmes ex-prostituées qui s’improvisent écrivaines d’un soir. Vais-je faire une exception pour Emma Becker qui a tout récemment remporté le prix du roman des étudiants France Culture/Télérama pour son roman autobiographique La maison? Je ne ferme pas la porte à Emma Becker, mais c’est uniquement parce que j’ai écouté son entretien à Tout le monde en parle (version québécoise de l’émission animée par Guy A. Lepage). 

Il m’a semblé, malgré son expérience de « putain », elle-même employait ce mot disgracieux dans son discours, qu’une certaine douceur émanait de la personne d’Emma Becker. Malgré mes préjugés évidents que j’assume totalement, je ne ferme jamais la porte à un écrivain. Après tout, il serait dommage de se priver d’une belle découverte, peu importe la raison. En littérature, comme dans tout autre art, il faut toujours garder l’esprit ouvert. Par exemple, j’ai oui, une sainte horreur de ces ex-prostituées qui deviennent comme par magie autrice. Or, j’adore Nelly Arcan. J’ai eu un coup de cœur pour son roman Folle. Quelle grande écrivaine! Vous pouvez donc le constater, je ne suis pas une personne fermée d’esprit, mais j’aime les femmes fortes et sans chichi, qui écrivent sur de sujets autres que la prostitution. N’importe quel sujet, mais pas d’histoires de fesses s’il-vous-plaît. Je trouve que la société d’aujourd’hui est déjà suffisamment envahie par l’hyper sexualisation, je n’ai pas envie d’en rajouter davantage en consommant de mon plein gré de la pornographie littéraire, mais retournons à nos moutons…


J’ai tout d’abord débuté mon introduction à l’univers d’Amélie Nothomb avec la lecture de son roman Stupeur et Tremblements, publié chez Albin Michel en 1999. La même année, ce roman remportait le Grand prix du roman de l’Académie française. Pour moi, ce choix était évident, c’était à peu près le seul roman que je connaissais d’Amélie Nothomb. J’avais vu déjà l’adaptation cinématographique de Stupeur et Tremblements grâce à laquelle j’avais fait la découverte de la grande Sylvie Testud. Cette dernière a d’ailleurs interprété Françoise Sagan dans un film portant sur la vie de l’écrivaine. J’aimerais d’ailleurs voir ce film, Sagan.

Quant au film Stupeur et Tremblements, celui-ci à l’époque m’avait beaucoup plu. Je savais donc ce qui m’attendait avec la lecture de ce roman. Comme première lecture d’Amélie Nothomb, je n’ai pas été déçu par mon choix. Imaginez-vous donc que j’ai lu Stupeur et Tremblements d’une traite, en l’espace d’une seule soirée seulement. J’ai l’habitude de lire. Je lis habituellement à assez bon rythme, mais lorsqu’une œuvre me plaît, comme ce fut le cas avec Stupeur et Tremblements, mon travail de lectrice n’en est que simplifié. J’arrive alors à lire très rapidement. J’ai dévoré ce roman page après page. Fidèle à mon habitude, je ne vous ferai pas un compte rendu très détaillé du roman Stupeur et Tremblements car, comme pour les œuvres à caractère sexuel, j’ai aussi une sainte horreur des comptes rendus d’œuvres littéraires.

À la lecture de Stupeur et Tremblements, j’ai été choqué, d’une part, parce que le talent évident d’Amélie Nothomb pour les affaires n’a pas du tout été exploité par l’entreprise japonaise qui l’employait. Pourquoi faire l’embauche de personnel si ce n’est que dans l’objectif ultime de malmener les gens, sans les amener à exploiter leur plein potentiel pour l’entreprise qui leur paie un salaire? Le fait que Nothomb puisse être en mesure d’écrire le japonais, de communiquer dans cette langue, m’a aussi beaucoup impressionné. Nothomb en témoigne dans son roman : elle avait une vie en dehors de ce travail, elle avait des amis qui tenaient à elle et sur qui elle pouvait compter. C’est sûrement cela d’ailleurs qui la sauver de la noyade. Suivant son départ de l’entreprise japonaise qui lui a fait vivre un calvaire, Amélie Nothomb a mis en chantier l’écriture de son roman, Hygiène de l’assassin.

Faisant suite à ma lecture de Stupeur et Tremblements, je tenais à poursuivre, en lisant le tout premier roman d’Amélie Nothomb. Et quel roman! Hygiène de l’assassin est d’une lecture captivante. J’ai maintenant envie de vous dire qu’avec un roman d’Amélie Nothomb entre les mains, il vous sera impossible de vous ennuyer. J’ai maintenant à mon actif la lecture de deux romans d’Amélie Nothomb, soit Stupeur et Tremblements et Hygiène de l’assassin, mais fort heureusement, l’œuvre de la romancière est riche, et j’aurai le plaisir, dans les moins à venir, à lire l’ensemble des romans qui composent sa bibliographie. Malgré son succès, je suis très heureuse aujourd’hui de ne pas avoir complètement tourné le dos à Nothomb.


Hygiène de l’assassin est d’une lecture délectable, si on peut dire d’une lecture qu’elle peut être de ce niveau de bonheur. Il s’agit essentiellement de dialogues entre différents journalistes, et un auteur âgé, Prétextat Tach, qui est atteint d’un mystérieux cancer incurable. L’homme se sait condamné. Avant de s’éteindre dans sa gloire littéraire, l’écrivain accorde quelques entrevues. Le style d’Amélie Nothomb est franc et agile, le style du dialogue se mariant très bien à tout ce qui s’y passe dans ce roman. Nothomb nous tient en haleine jusqu’à la toute fin, jusqu’à la mort du protagoniste. Dans le présent contexte de blogue littéraire, Hygiène de l’assassin contient plusieurs trésors thématiques, dont celui des lecteurs, et de la lecture. Voyez-vous, le rôle du lecteur est essentiel, car un bon lecteur peut même être en mesure de résoudre une histoire sordide de meurtre dune jeune adolescente...


Curieusement, les journalistes qui viennent tour à tour interroger Prétextat Tach semblent être peu familiers avec son œuvre. Certains l’ont peu ou même pas lu du tout. Or, la dernière journaliste, que j’imagine aisément sous les traits d’Amélie Nothomb, invitée à l’interviewer fait figure d’exception. Cette journaliste, la seule femme ayant pu bénéficier du privilège d’interviewer le récipiendaire du prix Nobel de la littérature, a tout lu de lui, y compris son roman inachevé, qui porte le même titre que celui de Nothomb, Hygiène de l’assassin. N’est-ce pas délicieux? La journaliste, sentant le bon filon, mène son enquête, et de fil en aiguille, découvre le secret de Prétextat Tach. Il faut définitivement lire Hygiène de l’assassin, il s’agit d’un très bon divertissement, vous passerez un très bon moment en compagnie d’Amélie Nothomb qui n’était, si je ne me trompe pas, âgée que de 25 ans lors de la parution de ce premier roman.

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