Je suis revenue de quelques
jours de vacances plus tôt cette semaine. Pendant mes vacances, j’ai pu
compléter la lecture de quelques romans : Pélagie-la-Charrette d’Antonine Maillet, Nord Alice de Marc Séguin et La
vie devant soi de Romain Gary. J’y reviendrai dans un prochain billet.
Avant de quitter Montréal pour quelques jours, je m’étais fait un cadeau, un
achat compulsif : une entrée pour l’adaptation au théâtre de l’autobiographie
La Détresse et l’Enchantement de
Gabrielle Roy. Et je n’ai pas fait les choses à moitié, j’avais opté pour une
place au niveau Parterre, section Or, histoire de ne rien manquer de la très
grande Marie-Thérèse Fortin.
Il faut dire que La Détresse et l’Enchantement roule sa
bosse au théâtre depuis un certain temps déjà. À l’époque, j’avais amèrement
regretté de ne pas avoir assisté à l’une de ses représentations, parce que
j’adore Gabrielle Roy. Or, c’est maintenant chose faite!
Je me suis rendue aujourd’hui
en après-midi au Théâtre du Nouveau Monde afin d’assister à la représentation.
C’était ma première fois au TNM. J’ai trouvé le lieu vraiment très élégant,
avec un beau bar à son entrée. De belles affiches mettent en valeur les pièces
à venir. Ceci étant dit, je n’ai rien à cacher, de façon générale, je ne suis
pas une grande passionnée de théâtre. Le théâtre me laisse plutôt indifférente.
Je préfère de loin me plonger dans la lecture de romans, me laisser envahir par
mes propres images plutôt que de me les laisser imposer des règles
scénarisations et un jeu précis d’acteurs pour ainsi me faire imposer un
imaginaire qui n’est pas le mien.
Avant d’assister à La Détresse et l’Enchantement au Théâtre
du Nouveau Monde, la seule pièce de théâtre auquel j’ai assisté, c’était il y a
quelques années déjà. En bonne Acadienne que je suis, je m’étais déplacée au
Théâtre du Rideau Vert du Plateau Mont-Royal pour y voir La Sagouine, merveilleusement bien jouée par Viola Léger. Et là encore, je n’ai
pas eu de regrets. Je crois que ce fut d’ailleurs la dernière fois que La
Sagouine fut interprétée par Viola Léger à Montréal. Donc chaque événement
théâtral auquel je choisis d’assister en vaut toujours la peine, du moins, pour
ces deux-là.
Aujourd’hui fut une journée
froide et pluvieuse à Montréal, mais La
Détresse et l’Enchantement a eu pour effet d’amener un peu de soleil dans
ma journée. Je ne savais pas à quoi m’attendre, sinon à un monologue
directement inspiré de l’autobiographie de Gabrielle Roy. Mais le problème en
étant un d’envergure : est-il possible de bien adapter une autobiographie
au théâtre? La réponse est oui. Marie-Thérèse Fortin et Olivier Kemeid signent
le montage dramaturgique. J’ai bien aimé la sélection des tranches de vie
qu’ils ont choisi de représenter. Le tableau illustrant le décès du père de
Gabrielle Roy était particulièrement touchant, tandis que celui mettant en
lumière sa vie d’institutrice a su faire rire le public présent dans la salle.
Seule sur scène,
Marie-Thérèse Fortin offre une très belle performance. Il faut dire que tout
repose sur ses épaules, sans entracte. Son monologue est pigmenté d’anecdotes
croustillantes. Outre la voix de Gabrielle Roy, Marie-Thérèse interprète aussi,
à différents moments celle de plusieurs protagonistes, dont celle de la mère de
l’écrivaine. Marie-Thérèse Fortin y va à fond. Grâce à cette adaptation
théâtrale de La Détresse et l’Enchantement, j’ai fait un beau voyage dans plusieurs moments
charnières de la vie de Gabrielle Roy. Le tout est livré avec justesse. J’ai
particulièrement aimé les moments au cours desquels, à travers ses voyages en
France et en Angleterre, Gabrielle cherche sa vocation. Arrivant au bout de ses
économies et la Deuxième Guerre mondiale étant sur le point d’éclater,
Gabrielle revient au pays. Elle s’installe à Montréal, elle n’a pas les sous
qu’il faut pour retourner au Manitoba. Sa vocation d’écrivain lui est révélée
lors d’un périple tourmenté par le mauvais temps dans le nord du Québec. Avec
beaucoup de grâce, c’est sur cette belle image que nous laisse Marie-Thérèse
Fortin. Une écrivaine est née. J’ai trouvé cette fin admirable, j’en avais les
larmes aux yeux.
À nous maintenant,
lecteurs et lectrices, d’apprécier l’œuvre de Gabrielle Roy à sa juste valeur
et de la lire et de la relire…